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'Recherche mathématique et développement'

Claude LOBRY
Directeur du Centre International de Mathématiques Pures et Appliquées (CIMPA)

'La connaissance en général, donc la connaissance scientifique, ne saurait être produite exclusivement par une seule partie de l'humanité, l'autre se contentant de profiter de ses bienfaits.'

La nécessité d'aider les pays les plus pauvres à développer leur recherche en mathématiques ne tombe pas sous le sens. En effet le devoir` des nations riches est d'aider les nations pauvres à lutter contre les fléaux qui les accablent et pour la plupart des décideurs politiques l'idée de consacrer à la recherche fondamentale ne serait-ce qu'une infime partie des moyens disponibles pour le Sud relève du sacrilège. Ils se trompent.

Les problèmes des pays pauvres - santé, malnutrition, pollutions, infrastructures, énergie etc. - sont des problèmes qui exigent des prises de décisions rapides. Il n'est pas question d'attendre les résultats de la recherche qui par essence sont inattendus et interviennent dans un avenir indéterminé. Ce qu'exige le développement des pays du Sud c'est la mobilisation massive de toutes les connaissances scientifiques actuelles pour pouvoir dire : "Dans l'état actuel des connaissances les mesures suivantes peuvent être envisagées, elles coûteront tant, il faudra telle durée pour les mettre en oeuvre".

Toute la question est de pouvoir constituer des commissions d'experts, à la fois compétents et dignes de confiance. Et c'est ici que le rôle de la recherche et des chercheurs est primordial. Seuls des chercheurs actifs, insérés dans le réseau informel de la recherche internationale, peuvent proposer des noms de personnalités compétentes sur des questions particulières. Il n'est pas nécessaire qu'eux même soient spécialistes du problème, ce qui importe le plus c'est qu'ils soient excellents dans leur domaine et de ce fait aient accès aux meilleures sources d'information. Ceci vaut dans les pays pauvres comme dans les pays industrialisés mais avec une acuité particulière.

En effet, toute question de société de quelque importance concernant un pays en développement a des implications économiques et politiques qui ne laisseront pas indifférents les pays industrialisés. On ne peut pas laisser à ces seuls pays le soin de constituer les commissions d'experts. Sans mettre en cause l'honnêteté individuelle des membres des commissions, il est évident que ces dernières peuvent être constituées de manière à ce qu'elles soient porteuses de valeurs particulières, pour ne pas dire de préjugés.

Prenons un simple exemple qui suffira à illustrer ce propos. Imaginons un pays disposant de vastes étendues désertiques qu'il est prêt à louer comme poubelle pour des déchets toxiques à des pays industrialisés. Il faut discuter des conditions de sécurité et d'une juste rémunération du service rendu. Peut-il accorder une confiance aveugle aux experts des pays avec lesquels il traite ? Évidemment non.

La situation sera toute différente si ce pays possède une équipe de physiciens performants qui pourront avoir une opinion fondée sur la qualité des expertises fournies. Il faut donc que les pays du Sud se constituent au plus vite un dispositif de recherche suffisant pour avoir accès à la connaissance scientifique universelle. C'est le devoir des pays du Nord de les y aider.

Dans cette optique, il est évident que la recherche mathématique, comme toute autre recherche, doit y être développée. Mais il existe d'autres arguments qui ne sont pas moins importants en faveur du développement de la recherche mathématique.

Les pays pauvres ont un énorme déficit en techniciens et en ingénieurs qui ne pourront ni être prêtés par le Nord, ni même y être formés. Ils doivent donc développer les filières scientifiques des lycées et les enseignements techniques qui sont gros consommateurs de professeurs de mathématiques. Ces professeurs doivent être formés dans des départements de mathématiques de valeur, donc pratiquant la recherche.

Les mathématiques sont aussi une discipline de service pour les autres sciences mais la qualité de mathématicien se perd si elle n'est pas entretenue par la recherche. Pour que les mathématiciens puissent intervenir avec efficacité dans d'autres disciplines ils doivent travailler sur leurs propres sujets.

Il reste enfin l'idée que la connaissance en général, donc la connaissance scientifique, ne saurait être produite exclusivement par une seule partie de l'humanité, l'autre se contentant de profiter de ses bienfaits. Mais sur ce dernier point le mieux est encore de laisser la parole à l'éminent biophysicien brésilien Carlos Chagas Filho : "La recherche fondamentale, est ce bien nécessaire dans un pays sous-développé ? Ma réponse est très claire. Elle est impérative pour deux raisons. La première tient au fait que si nous ne faisons pas nous même cette recherche, nous allons tomber rapidement dans une dépendance technologique qui m'apparait être l'une des formes les plus insupportable du colonialisme. La seconde est contenue dans l'idée encore mal perçue que la science fait partie intégrante de la culture et qu'elle ne saurait se développer en dehors d'elle."

Le Centre International de Mathématiques Pures et Appliquées (CIMPA) est une association non gouvernementale, soutenue par l'UNESCO, qui depuis vingt ans aide les pays du Sud à développer leur potentiel de recherche. Depuis sa création le CIMPA a organisé ou soutenu plus de 100 écoles ou séminaires. Au total ces écoles ont accueilli plus de 3000 stagiaires dont plus de 2000 en provenance de pays en développement. Une quinzaine d'ouvrages ont été publiés. Les informations sur le programme du CIMPA se trouvent sur le site CIMPA .



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