Village de Samba, province de Yako, Burkina Faso : Des enfants malnutris mangent du porridge nutritif après la démonstration de la méthode par des agents de santé.Crédit:

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Une nouvelle étude publiée dans Science Translational Medicine a montré comment l'organisme réagit à l'entéropathie environnementale (EE), une affection de l'intestin grêle, très répandue dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Il s'agit d'un état mal défini d'inflammation intestinale survenant chez les personnes qui sont continuellement exposées à des conditions sanitaires et hygiéniques médiocres. L'EE est considérée comme une cause de malnutrition, d'échec des vaccins oraux et d'altération du développement cognitif chez les enfants des pays à faible revenu, notamment en Afrique.

"Des millions d'enfants sont atteints de ce trouble. De très bonnes études et des analyses systématiques au cours des dix dernières années ont montré de manière constante qu’ une supplémentation en nutriments fournie à des enfants souffrant d’un retard de croissance n’a aucun impact", explique l'un des principaux auteurs de l’article, Paul Kelly, du Groupe de Gastroentérologie et de Nutrition Tropicales de l’Ecole de Médecine de l'Université de Zambie, à Lusaka.

Kelly explique que parmi les enfants qui reçoivent des suppléments nutritionnels pour contrer le retard de croissance, seuls 15 % progressent. Les chercheurs attribuent ce phénomène à leur incapacité à traiter correctement les nutriments. L'équipe a cartographié les corrélats cellulaires et moléculaires de l'entéropathie environnementale, en effectuant un séquençage à haut débit de l'ARN unicellulaire sur 33 biopsies de l'intestin grêle de 11 adultes atteints de cette maladie à Lusaka, en Zambie. Parmi ces participants, huit étaient séronégatifs pour le VIH et trois étaient séropositifs. Leurs profils ont été comparés à ceux de six adultes de Boston, aux États-Unis, et de deux adultes de Durban, en Afrique du Sud, qui ne souffraient pas de cette maladie.

L'étude a permis d'identifier les voies communes associées à la maladie et la contribution des différents types de cellules à la gravité de l’EE. L'équipe a indiqué que si les cellules immunitaires sont actives, la réponse est différente de celle attendue lors d'une réponse normale, comme le montre la réponse variée des cellules épithéliales.

"Normalement, si les cellules immunitaires sont actives, il devrait y avoir tout un tas de réponses régénératrices. Toutes les cellules souches devraient essayer de se reproduire et de reconstruire. Elles devraient essayer de réparer les choses. Mais ce n'est pas ce que nous avons trouvé dans les biopsies", explique à Nature Africa le principal coauteur de l’article, Thomas Wallach, du Département de Pédiatrie de l'Université des Sciences de la Santé, SUNY Downstate, à New York, aux États-Unis.

Selon Thomas Wallach, ces travaux offrent l'occasion de mener des recherches ciblées sur les facteurs à l'origine de ce changement, en se concentrant spécifiquement sur les raisons pour lesquelles les cellules souches intestinales réagissent de manière aussi unique. "Nous pouvons essayer d'y remédier en particulier et disposer d'une autre voie pour tenter de traiter ce problème de façon peu invasive, peu coûteuse et très très sûre", a-t-il ajouté.

En ce qui concerne la reproductibilité des résultats de l'étude s'ils sont appliqués ailleurs, M. Wallach concède que les agents pathogènes et les sources alimentaires sont très différents de part le monde, et dans les diverses régions où l'EE est répandue. "Il faut bien commencer quelque part, et cette étude est un point de départ excitant et vraiment passionnant", dit-il.