L'Ouganda lutte contre la septième épidémie d'Ebola depuis 2000 : Des travailleurs de la Croix-Rouge enfilent des équipements de protection individuelle (EPI) avant d'enterrer un garçon de 3 ans soupçonné d'être mort d'Ebola, le 13 octobre 2022 à Mubende, en Ouganda. Des équipes d'intervention d'urgence, des centres d'isolement et des tentes de traitement ont été mis en place par les autorités sanitaires ougandaises autour du district central de Mubende.Crédit: Luke Dray/Getty Images

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Les essais cliniques menés lors des épidémies d'Ebola en Afrique ont joué un rôle crucial dans le renforcement des capacités de lutte contre la maladie. La dernière épidémie d'Ebola en Ouganda devrait permettre d'améliorer encore les connaissances sur la maladie, notamment en testant de nouveaux outils et vaccins.

Le 20 septembre, les autorités sanitaires ougandaises ont déclaré une épidémie d’ Ebola. Plusieurs avancées ont été réalisées concernant les vaccins contre Ebola. En octobre 2021, Nature Africa a rapporté que les schémas vaccinaux Ad26.ZEBOV et MVA-BN-Filo étaient sûrs, bien tolérés et produisaient de fortes réponses immunitaires chez les enfants et les adultes. En novembre 2019, l'OMS a préqualifié le vaccin injectable Ervebo, ouvrant ainsi la voie à son utilisation dans les pays à haut risque.

Depuis lors, Ervebo a été utilisé pour des exercices de vaccination en anneau dans un certain nombre de pays africains où des épidémies d'Ebolavirus Zaïre, ont eu lieu. Ce vaccin n'est toutefois pas efficace dans l'épidémie actuelle en Ouganda, qui est causée par l’Ebolavirus Soudan (espèce Sudan ebolavirus).

Intégrer la recherche dans la lutte contre le virus Ebola en Afrique

Depuis une trentaine d'années, les travaux sur le développement de vaccins contre les filovirus ont progressé avec l'émergence de différentes plateformes et de différents types de vaccins, en plus de plusieurs études précliniques. Le problème, toutefois, réside dans le peu d'épidémies et le nombre réduit de personnes infectées par le virus Ebola Soudan par rapport au virus Zaïre.

"Mais je pense qu'il existe une base très solide, car tout ce que nous avons appris de l'épidémie (d'Ebola) en Afrique de l'Ouest va également contribuer à favoriser le développement de vaccins pour le Soudan", a déclaré à Nature Africa Cesar Munoz-Fontela, chef de groupe au Centre Allemand de Recherche sur les Infections.

Projets d'essais cliniques en Ouganda

Une approche qui a été mise en œuvre avec succès en Sierra Leone, au Liberia, au Soudan et dans d'autres pays permet désormais de réaliser des essais cliniques rapidement (en quelques semaines) dans le cadre de la réponse à une épidémie, explique Ana Maria Henao-Restrepo, chercheuse à l’OMS (Recherche sur la Mise en œuvre et Analyse économique, Initiative pour la Recherche sur les Vaccins). "Nous parlons directement avec les développeurs qui partagent également toutes les informations sur les vaccins très rapidement. Le vaccin candidat à déployer pour l'épidémie en cours devra disposer de suffisamment de données pour aller de l’avant. Nous nous assurons également qu’il y a suffisamment de doses du matériel de qualité clinique disponible pour que l'étude puisse commencer."

Il y a aussi la phase préparatoire dans le pays. Il existe déjà un protocole de base qui comprend tous les éléments essentiels pour mener une évaluation solide d'un candidat-vaccin, sur la base de l'expérience acquise avec le virus Ebola. "Ce protocole est prêt et il ne reste plus qu'à l'adapter à la situation ougandaise grâce aux contributions des chercheurs ougandais et à l'approbation de l'autorité nationale de réglementation en Ouganda. Nous disposons déjà des stocks de vaccins prêts à être déployés lors des essais", précise Mme Henao-Restrepo. "Tous ces éléments sont prêts pour le déclenchement d'un essai clinique en quelques semaines, tout en veillant à ce que nous respections les normes internationales et nationales. Nous ne lésinons pas."