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Remi Quirion: Newly elected President, INGSACrédit: Remi Quirion

Le 4e Congrès international sur les avis scientifiques aux gouvernements, qui s'est déroulé dans la ville de Montréal au Canada, a vu le lancement du premier réseau francophone visant à aider les politiciens à utiliser la science plus efficacement dans leur prise de décision.

Alors que la science devrait être suffisamment accessible pour éclairer les décisions politiques, plusieurs experts déplorent que la recherche anglo-saxonne ait longtemps été privilégiée par rapport aux publications scientifiques francophones pour informer les décideurs politiques. Le réseau espère changer cet état de fait et renforcer les capacités des différents acteurs impliqués dans l'utilisation des preuves scientifiques, pour informer les politiques à tous les niveaux de gouvernement.

Le chercheur Canadien Rémi Quirion, qui vient d'être élu à la tête de l'International Network for Government Science Advice (INGSA), tient à reproduire dans le monde universitaire francophone le succès des pays anglophones en matière de recherche.

"Pour ceux d'entre nous qui croient fermement aux preuves apportées par la science et à son intégrité, les 18 derniers mois ont été difficiles", déclare Quirion, dans une interview exclusive accordée à Nature Africa.

Quirion, qui est l'un des cofondateurs du réseau de 5 000 membres répartis dans quelque 110 pays, souligne que la pandémie de COVID-19 a démontré la nécessité de conseils scientifiques pour aider les gouvernements dans les situations de crise.

"Le COVID a mis en lumière de nombreuses questions concernant l'interface entre la science, les politiques publiques et la politique, entre la science et la société, et plus largement dans la diplomatie", déclare Peter Gluckman, le président sortant de l'INGSA.

Créer des liens grâce à la science

La pandémie de COVID-19 a suscité un fort intérêt du public pour la science. Une déclaration publiée par l'INGSA souligne que, dans le monde entier, de nombreux scientifiques sont devenus des célébrités. "Pourtant, cette popularité brouille les frontières entre la science, les scientifiques et le pouvoir politique", note le communiqué.

M. Quirion estime qu'il est grand temps que la francophonie rayonne, après voir longtemps été éclipsée par les racines traditionnelles anglophones de la science.

Avec le lancement de ce premier groupe consultatif scientifique francophone, un accent particulier sera mis sur le développement de synergies entre les chercheurs des pays de la francophonie.

M. Quirion espère que sa présidence lui permettra de poursuivre le mandat qu'il s'est donné lorsqu'il a cofondé l'INGSA en 2014, avec des branches régionales en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes : offrir une plateforme pour faciliter et promouvoir les conseil scientifiques aux gouvernements, notamment dans les États francophones.

La formation d'un réseau francophone vise notamment à offrir des opportunités d'échange d'idées et d'expériences, en particulier dans des domaines clés comme le changement climatique et la crise sanitaire du COVID-19, et à accroître la visibilité de la recherche francophone, explique Quiron.

Pour valoriser les publications scientifiques francophones, le nouveau patron de l'INGSA préconise des réformes qui favorisent la diversité culturelle dans le monde de la recherche.

"Nous nous sommes fixés comme objectif de former des personnes bilingues dans le domaine scientifique et nous voulons des programmes de formation qui intègrent les cultures francophones et anglo-saxonnes", déclare Quirion.

"Nous voulons créer un réseau unique de praticiens et de chercheurs décidés à faire progresser l'interface entre les données scientifiques et les politiques ...la priorité sera donnée aux jeunes par l'octroi de bourses d'études et de formations dans d'autres domaines comme le changement climatique" dit-il.