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La propagation du virus Covid-19 a été beaucoup plus lente en Afrique subsaharienne qu’en Europe ou en Afrique du nord.Crédit: George Osodi/Bloomberg via Getty image

L’expérience mondiale de la pandémie COVID-19 semble présenter une exception notable, les cas confirmés et les décès étant considérablement moins fréquents en Afrique qu’ailleurs. Les gouvernements d’Afrique subsaharienne ont été félicités pour leurs actions rapides au début de la pandémie, tandis que certains scientifiques ont suggéré que les climats plus chauds et les populations plus jeunes de la région avaient peut-être maintenu les infections à un niveau bas.

Toutefois, une étude de modélisation exhaustive a révélé la grande diversité des facteurs à l’origine de la pandémie dans les pays ayant des caractéristiques démographiques, des capacités de soins de santé et une mobilité humaine différentes. L’étude, menée par des chercheurs d’Afrique du Sud, de Madagascar, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de France, suggère que les variations climatiques en Afrique subsaharienne n’ont eu que peu d’effet sur les flambées précoces. Elle soutient plutôt que la connectivité entre les communautés peut mieux expliquer la propagation du virus.

La plus grande difficulté pour comprendre la portée du COVID-19 en Afrique subsaharienne est que les niveaux des tests ont été plus faibles que dans les pays du nord, et varient énormément d’un pays à l’autre. Et il en est de même pour les décomptes des décès.

Le coût des tests COVID-19 peut sembler minime pour les pays à revenu moyen et élevé, mais les pays pauvres ne peuvent pas se permettre de tester un grand nombre de personnes », explique Villyen Motaze a l’Université Stellenbosch au Cap Town, Afrique du Sud, qui a déjà travaillé avec des spécialistes de santé publique et des décideurs politique à travers l’Afrique en tant qu’épidémiologiste médical a l’institut national des maladies transmissibles à Johannesburg.

Grace a l’expérience de Motaze et de ses collègues, dont Antso Raherinandrasana, responsable de la surveillance épidémiologique au Ministère de la Santé de Madagascar, l’équipe a rassemblé d’énormes quantités de données sur des facteurs tels que l’âge, le climat, la taille des ménages et des mesures préventives telles que lavage des mains. Pour modéliser la connectivité des régions, ils ont tenu compte des vols internationaux et des temps de déplacements vers les grandes villes. Leur analyse exhaustive, a l’aide de plusieurs approches de modélisation différentes, a révélé qu’il y a peu, voire aucun, facteur moteur dans la région.

On ne généraliserait pas à travers l’Europe par exemple, et pourtant il y en a qui sont prêts à généraliser à travers l’Afrique Subsaharienne et ses 48 nations distinctes », dit Benjamin Rice de l’Université de Princeton, Etats-Unis, et auteur principal de l’article Group’s publie en Nature Médecine. « Nous avons constaté que même si nous supposions une importante sous estimation des cas et de décès et que nous ajustions nos estimations en conséquence, le nombre d’infections est encore susceptible de varier considérablement d’un pays à l’autre.

Caption : Le modèle d’infection covid-19 a été inspiré par plusieurs ensembles de données, dont cette carte montrant le temps estimé pour rejoindre le centre urbain le plus proche. Cette mesure de la connectivité montre que c’est un facteur moteur important dans la propagation du virus.Crédit: Benjamin Rice et al.

Toutefois l’étude a bien montré que des facteurs climatiques tels que la température et l’humidité avaient des effets très minimes sur les pics épidémiques, défiant les hypothèses précédentes selon lesquelles l’environnement plus tropical de l’Afrique pourrait réduire les infections. Cette idée devrait être abandonnée, dit Fidisoa Rasambainarivo, un autre des auteurs de l’article travaillant aux laboratoires de Pinceton et Mahaliana à Antananarivo, Madagascar. ‘Les travaux de modélisation indiquent clairement que le climat ne constitue pas le facteur de protection que nous espérions.’

Les simulations montrent plutôt que les niveaux de connectivité sont probablement les plus susceptibles de rendre compte de la variabilité de la prolifération virale à travers l’Afrique Subsaharienne. Par conséquent, les efforts futurs pour gérer la pandémie devraient prendre en compte les déplacements locaux, l’âge, les autres maladies et l’accès aux soins. Ils devraient également influencer le déroulement de la vaccination, car, comme dit Rice, ‘le manque d’équité observé actuellement dans la vaccination est indéfendable.’

En raison des nombreuses variations des facteurs de risque révélées dans notre article, la couverture vaccinale et la protection seront probablement hétérogènes à l’intérieur et entre les pays » dit Rasambainarivo. « Les scientifiques doivent travailler avec les autorités pour minimiser ces différences, car elle auront des conséquences sur la pandémie à l’échelle mondiale.