Village inondé en Somalie.Crédit : Action Against Hunger

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Un nouveau rapport des Nations Unies estime que les pertes dues aux graves sécheresses s en Afrique au cours des 50 dernières années en raison du changement climatique ont dépassé les 70 milliards de dollars, exposant environ 23 millions de personnes à un risque d'insécurité alimentaire dans la Corne de l'Afrique.

Le rapport de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) intitulé "The Global Drought Snapshot" et publié en décembre dernier a révélé qu'à la fin de l'année 2022, la Corne de l'Afrique avait connu la pire sécheresse depuis 40 ans, l'Éthiopie, le Kenya et la Somalie étant particulièrement touchés.

Cinq saisons consécutives de pluies insuffisantes ont causé des ravages dans de grandes parties de l'Afrique de l'Est et ont contribué à réduire la productivité agricole et à augmenter les prix des produits alimentaires.

Les inondations ont également eu des effets dévastateurs sur le continent. L'organisation mondiale ‘Action Against Hunger ’ a exprimé les préoccupations similaires, indiquant en novembre dernier que près de 1,6 million de personnes dans toute la corne de l'Afrique avaient été déplacées à la suite de graves inondations provoquées par le climat.

Après des années de sécheresse qui ont rendu les sols incapables d'absorber l'humidité, de graves inondations ont tué des dizaines de personnes et continuent d'anéantir des villages entiers. Selon l'organisation, 746 000 personnes ont été déplacées en Somalie, plus de 396 000 en Éthiopie et 450 000 au Kenya.

Les auteurs de la communiqué de l'UNCCD soulignent que la restauration des terres, la gestion durable des terres et les pratiques agricoles respectueuses de la nature sont essentiels pour offrir de la résistance à la sécheresse au niveau mondial.Ils affirment que jusqu'à 25 % des émissions de CO2 pourraient être compensées par des solutions basées sur la nature, y compris la restauration des terres.

Le remplacement de l'irrigation au goutte-à-goutte par des systèmes d'arrosage conventionnels, par exemple, permettrait de réduire de 20 à 50 % le gaspillage d'eau.

Les auteurs ajoutent qu'il serait possible de réduire presque 100 % de la substitution des forêts mondiales et des terres naturelles pour l'agriculture si seulement la moitié des produits d'origine animale consommés aujourd'hui étaient remplacés par des solutions plus durables.

"Une approche holistique, intégrée et coordonnée pour la réduction des risques de catastrophe et du renforcement de la résilience des communautés et des écosystèmes est nécessaire", déclare Daniel Tsegai, expert en sécheresse de l'UNCCD et auteur principal du rapport.

Des familles à Hudur, en Somalie, déplacent leurs biens vers un terrain plus élevé.Crédit : Action Against Hunger

L'Afrique pourrait également bénéficier de technologies de surveillance météorologique les plus courants, telles que l'intelligence artificielle, et d'une meilleure infrastructure météorologique pour éviter les catastrophes liées au climat, affirment les auteurs.

Selon une enquête publiée en août dernier dans la revue npj Climate Action, les pays en voie de développement manquent des données climatiques, ou ajoutent de données fallacieuses aux outils d'intelligence artificielle. "Les données climatiques préconçu ont pour conséquence de fournir des prévisions inexactes des phénomènes météorologiques extrêmes", explique Ramit Debnath, professeur adjoint de sciences informatiques à l'université de Cambridge et auteur principal du rapport.

Les experts suggèrent la création de nouvelles entreprises de données qui contribueraient à combler le manque de données en collectant et en conservant des ensembles de données locales et contextuelles provenant d'Afrique subsaharienne.Mais ces jeunes entreprises auraient besoin d'une infrastructure convenable pour récolter les données.

Une étude publiée dans Nature en août dernier a révélé que les systèmes et technologies de surveillance météorologique en Afrique étaient "absents, dépassés ou défectueux", ce qui expose encore plus les populations africaines au changement climatique.

En comparaison des États-Unis et l’Europe qui ont 636 stations radar, l'Afrique n’a que 37, bien que sa population et sa masse continentale sont plus importantes, indique le rapport.Obed Ogega, climatologue et responsable de programme à l'Académie africaine des sciences à Nairobi, estime que la connaissances précises, pertinentes au niveau local et au courant peut améliorer la capacité d'adaptation et la résilience des communautés, des systèmes et des infrastructures.

"Le plus important c’est que les chercheurs collaborent avec les politiciens et les communautés non seulement pour assurer l'alignement de la recherche et les besoins et priorités locales, mais aussi pour faciliter la consommation et l'utilisation des informations générées", explique M. Ogega.

Nancy Githaiga, directrice nationale de l'African Wildlife Foundation au Kenya, affirme que l'investissement dans la prévention est l'une des mesures les plus économiques que les pays puissent prendre pour gérer la pénurie d'eau, avec des retours sur investissement jusqu'à 10 fois.

"Selon les estimations de l'OMS, un investissement d'un dollar dans l'eau rapporte entre 4 et 12 dollars, grâce à l'augmentation de la productivité et à la réduction des coûts de santé", explique Mme Githaiga.