Le Dr Tongai Maponga a obtenu son doctorat en virologie médicale en 2016 à l'université de Stellenbosch.Photo : Damien Schumann

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Je fais partie du réseau de collaboration sur l'hépatite B en Afrique (HEPSANET).1 Notre mission est d'harmoniser la collecte, l'analyse et la diffusion de données de base et longitudinales sur les infections par le VHB provenant de plus de 13 cohortes collaborant en Afrique du Sud, au Burkina Faso, en Éthiopie, en Gambie, au Ghana, au Malawi, au Nigeria, au Sénégal, au Soudan et en Zambie, et on attend que d'autres pays vont nous rejoindre. Nous appelons les patients atteints du VHB les oubliés,2 car la maladie affecte de manière disproportionnée les personnes mal desservies par les systèmes de santé. On estime que 80 millions de personnes dans la région Afrique de l'OMS sont atteintes d'une infection chronique par le VHB, souvent sans le savoir.

Les manuels développés en Europe ou aux États-Unis ne sont pas convenables, car les caractéristiques de la maladie en Afrique sont différentes. Afin de mettre en place des traitements de coût-efficacité en Afrique, nous avons mis au point le score d'éligibilité HEPSANET.3 Il simplifie les évaluations cliniques et les décisions sur le moment d'initier les patients à la thérapie antivirale. Nous avons été encouragés lorsqu'une étude chinoise publiée dans The Lancet Regional Health4 a pris en compte notre score pour les zones à ressources limitées de la région Asie-Pacifique.

J'étudie également l'hépatite E (HEV), une infection zoonotique qui se propage principalement par en travers d'eau ou d'aliments contaminés (souvent de la viande de porc). En 2012, j'ai fait partie d'un groupe de recherche qui a décrit le premier cas d'infection chronique par le VHE chez un patient infecté par le VIH en Afrique du Sud. Bronwyn Roberts, l'une de mes récentes étudiantes de troisième cycle en virologie médicale, a étudié5 l'utilisation d'échantillons d'eaux usées pour suivre les infections par le VHE au niveau de la communauté .

J'ai appris le fonctionnement d'un laboratoire médical dans un laboratoire de diagnostic clinique à Harare, puis à l'African Institute of Biomedical Science and Technology, également à Harare.

Les deux années passées au Laboratoire national de référence de Mbabane, en Eswatini, ont été extrêmement formatrices pour mon développement en tant que scientifique et chercheur biomédical. Au milieu des années 2000, j'ai été chargé de mettre en place les installations de laboratoire nécessaires pour que les tests de dépistage du VIH sur les nourrissons puissent être effectués en Eswatini, plutôt que dans des installations gouvernementales en Afrique du Sud. C'est l'une des réalisations dont je suis le plus fier. Aujourd'hui, je participe au suivi et à la surveillance génomique de l'hépatite virale, du SRAS-CoV-2, de la grippe et d'autres virus respiratoires, dans le cadre d'un double poste de scientifique médical principal au Service national des laboratoires de santé d'Afrique du Sud au Cap et à la Division de virologie médicale de l'Université de Stellenbosch (SU).

L'hépatite est généralement causée par cinq virus hépatotropes non apparentés (A, B, C, D ou E) qui enflamment le tissu hépatique. Le blanc des yeux de certains patients devient jaune. Les patients sont extrêmement fatigués, vomissent et souffrent de douleurs à l'estomac. En l'absence de traitement ou en cas de diagnostic tardif, une cirrhose ou un cancer du foie peut se développer chez les patients atteints d'hépatite B (VHB) ou C chronique.

En 2016, j'ai terminé mon doctorat à l'université d'Utrecht sur le VHB chronique et ses complications à long terme. J'ai découvert que les patients infectés par le VIH présentent un cancer du foie à un âge beaucoup plus jeune que les autres. Ce qui m'inquiète le plus, ce sont les patients infectés par le VHB qui ne présentent aucun symptôme jusqu'à ce que la maladie soit déjà avancée. J'ai vu des jeunes de 20 ans mourir d'un tel cancer. Bien que le VHB puisse être transmis par voie sexuelle, il est important de vacciner les nourrissons en bon temps , car la plupart des patients chroniques sont infectés dans leur petite enfance par leur mère ou leurs camarades de jeu.