Selon une nouvelle étude publiée dans Nature Ecology and Evolution, le réchauffement climatique exposera des milliers d'espèces à des températures dangereuses au cours des prochaines décennies, doublant ainsi le nombre d'espèces menacées d'extinction.
L'activité humaine aurait augmenté la température moyenne de la planète d'environ 1°C depuis l'ère préindustrielle, et ce changement climatique d’origine anthropique constitue une menace majeure pour la biodiversité de la planète.
Les nouvelles recherches suggèrent que ce phénomène s'aggravera tout au long du XXIe siècle, au cours duquel la température moyenne de la planète devrait encore augmenter de 2,5 °C, et souligne la nécessité urgente de réduire les émissions mondiales de carbone et d'en atténuer l'impact sur l'environnement.
Alex Pigot, de l'University College London, et ses collègues, ont utilisé des modèles climatiques au niveau mondial pour prédire comment les aires de répartition géographique des espèces animales seront exposées à des températures dangereusement élevées jusqu'en 2100. Des données géographiques sur près de 36 000 espèces terrestres et marines, dont des amphibiens, des oiseaux, des céphalopodes, des coraux, des mammifères, des poissons de récif, des herbiers marins et du zooplancton, ont été incorporées pour modéliser leur exposition à des températures dangereusement élevées.
L'analyse des données montre que les zones à risque d'exposition thermique s'étendront brusquement, plus de la moitié de l'exposition prévue se produisant en l'espace d'une seule décennie. Ce phénomène se produira pour toutes les espèces étudiées, qu'elles soient répandues ou rares, ou que leur aire de répartition géographique soit entièrement ou seulement partiellement exposée à des températures dangereusement élevées.
Le nombre d'espèces risquant d'être exposées à ces températures dangereusement élevées doublera, passant de moins de 15 % à plus de 30 %, de sorte que la perturbation ou la détérioration d'éléments clés de l'écosystème de la planète pourrait franchir un point de basculement.
Les auteurs notent que l'expansion brutale et généralisée de l'exposition thermique qu'ils ont prévue peut s'expliquer en partie par le fait que leurs données climatiques et géographiques étaient constituées de grilles relativement grossières de 100 km de côté. Leurs projections ne tiennent pas compte des interactions écologiques ou des processus évolutifs, qui peuvent soit retarder, soit amplifier le risque d'effondrement brutal des écosystèmes.
Le changement climatique affecte actuellement près de 11 000 espèces figurant sur la liste rouge des espèces menacées, augmentant la probabilité de leur extinction.